édito

Palestine : Filmer C’est Exister (PFC’E) a été créé en 2012 avec l’idée de donner la place au regard, à la créativité, à l’humour, aux convictions et aux espoirs des cinéastes palestinien.ne.s, et aux échanges avec le public.

Symboliquement, notre 1ère édition s’était ouverte le 29 novembre, Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, qui commémore le vote en 1947 de la partition de la Palestine, puis la création de l’Etat d’Israël en 1948. C’est à nouveau le cas pour cette 7ème édition.

1948-2018: Les Palestinien.ne.s ne cessent de résister face aux dépossessions et aux déplacements forcés. La Nakba (la catastrophe) s’est déclinée et se décline jusqu’à aujourd’hui en une avalanche de Nakba. La 7ème édition de PFC’E offre des regards de cinéastes palestinien.ne.s sur ces 70 ans d’histoire mouvementée.

En 1948, une majorité de la communauté internationale approuve la création de l’Etat d’Israël. Le peuple palestinien se retrouve dépossédé de 78% de son territoire historique. Plus de 750’000 Palestinien.ne.s, alors chassé.e.s de leur maison et de leurs terres, gagnent des camps de réfugiés qui seront administrés par l’UNRWA.

Cette première expropriation forcée, blessure ouverte commémorée comme la Nakba, constitue un fondement de la mémoire collective palestinienne. Mais 1948 inaugurera aussi un processus de Nakba à la chaîne avec la Naksa de 1967, ce en dépit des deux Intifada et des illusions d’un processus de paix commencé il y a 25 ans et désormais défunt avec la complicité d’une partie de la communauté internationale.

Les Rencontres cinématographiques PFC’E proposent cette année des films de cinéastes palestinien.ne.s qui, d’une part, évoquent les évènements de la Nakba et, d’autre part, abordent toutes les catastrophes qui se sont enchaînées depuis 1948. Ces différents regards portés par le cinéma nous permettent de tisser une continuité entre des situations historiques différentes, tout en établissant un pont entre le passé et le présent.

Plus précisément, l’édition 2018 nous fait découvrir plusieurs nouveaux longs-métrages dont Broken, documentaire sur la décision de la Cour Internationale de Justice relative au Mur, qui ouvre les Rencontres, Inner Mapping, road movie du GPS en Palestine à l’épreuve de l’occupation, The Truth: Lost at Sea, témoignages en direct de l’assaut tragique de la « flottille de la liberté » qui se rendait à Gaza en 2010, film réalisé par Rifat Audeh, qui faisait partie de la flottille.

PFC’E fait aussi la part belle aux courts-métrages, poignants mais non dénués d’humour, avec deux séances qui nous plongent dans différentes réalités: la Nakba et l’enfermement, check-points, prisons, occupation.

La question des réfugiés et du droit au retour sont traités à travers Les Dupes, (1972) du réalisateur égyptien Tawfiq Saleh – adapté de l’œuvre « Des Hommes sous le soleil » (1963) de Ghassan Kanafani. Citons aussi Zinco, chronique sur la transformation des camps de tentes en béton en Jordanie, et Ours is a Country of Words, une plongée dans l’imaginaire des habitants du camp de Chatila au Liban qui se projettent dans un retour rêvé en Palestine. As the Poet Said rend hommage au grand poète palestinien Mahmoud Darwich, film de Nasri Hajjaj.

Pour animer les débats et la Table ronde entre public et cinéastes, chers à PFC’E, nous sommes heureux d’accueillir pour cette 7ème édition les cinéastes Mohammed Alatar, Rifat Audeh, Sahera Dirbas, l’artiste Issa Deebi et l’acteur Saleh Bakri, et de présenter 25 films.

Comité PFC’E

Septembre 2018